Rupture conventionnelle d’un salarié protégé non autorisée par l’inspection du travail : quand la nullité se retourne contre le salarié…

Article rédigé par Anne-Lise Castell
Publié le 7 novembre 2025

Lorsqu’un salarié trompe l’employeur dans le cadre d’une rupture conventionnelle, la rupture conventionnelle peut être annulée pour vice du consentement ce qui produit alors les effets d’une démission. Un exemple vient de nous être donné s’agissant d’une salariée protégée juriste en droit social qui n’a pas informé l’employeur qu’il fallait demander une autorisation à l’inspection du travail au lieu de l’homologation classique.

Une procédure spécifique de rupture conventionnelle s’agissant des salariés protégés

S’agissant de la rupture conventionnelle d’un salarié protégé, il n’y a pas d’homologation mais l'inspection du travail doit autoriser la rupture conventionnelle dans un délai de 2 mois ( l'absence de réponse de l'inspection du travail vaut rejet).

Il faut aussi utiliser un CERFA à signer spécifique aux salariés protégés (n° 14599*01).

Normalement, l’absence d'autorisation par l’inspection du travail doit entraîner la nullité de la rupture conventionnelle au profit du salarié.

Ce dernier doit alors être réintégré dans son emploi ou dans un emploi équivalent.

A défaut,  la rupture du contrat est requalifiée en licenciement nul.

Mais une cour d'appel vient de nous donner une exception : lorsque le consentement de l’employeur a été vicié par le salarié protégé qui a provoqué l’erreur de procédure…

Modèle de document gratuit
Télécharger
Icon megaphone
Bon à savoir
Icon représentant le panneau attention
Important !

Cas du salarié protégé et du vice du consentement de l’employeur

Voyons les faits. En l’espèce, il s’agit d’une salariée qui est aussi responsable juriste en droit social avec beaucoup d'expérience. Elle bénéficie d’un mandat extérieur de conseiller prud’homal et a donc un statut de salarié protégé.

Dans un contexte de transfert d’entreprise, elle signe avec son employeur, à sa propre demande, une rupture conventionnelle qui est homologuée.

Elle saisit ensuite la justice faisant valoir que l'employeur n'a pas suivi la procédure spécifique liée à son statut protecteur en qualité de conseiller prud'homal, faute d'avoir envoyé le bon formulaire CERFA et faute d'avoir sollicité l'autorisation de l'inspection du travail.

L’employeur réplique qu'en sa qualité de responsable juriste droit social, il est évident que la salariée connaissait l'existence des règles particulières à la procédure de rupture conventionnelle d'un conseiller prud'homal et qu'elle s'est pourtant abstenue de les rappeler à la direction.

Et la cour d’appel de Versailles a décidé de donner raison à l’employeur. Elle relève :

  • que la salariée a participé à différents projets relatifs à des salariés protégés et a notamment été sollicitée par des responsables du groupe qui lui ont demandé son avis sur des demandes d'autorisation auprès de l'inspection du travail pour des dossiers relatifs à des salariés protégés ;
  • que la salariée a renseigné elle-même les deux imprimés CERFA successifs, l'employeur faisant une totale confiance à la salariée ;
  • que la salariée était très appréciée par toute sa hiérarchie et qu'il a été fait droit sans difficulté à sa demande de rupture conventionnelle ;
  • que le fait de ne pas demander d'autorisation a permis d’aboutir à une rupture conventionnelle plus rapide alors que la salariée était pressée de commencer un nouveau poste ;
  • que la circonstance que la salariée ait pu, par erreur, utiliser le mauvais imprimé, n'a pas été révélée peu de temps après la rupture conventionnelle mais uniquement quand la salariée a appris que son poste n'était finalement pas transféré.

La cour d'appel en déduit qu' il lui incombait, de par ses fonctions très étendues, de faire connaître et respecter par la direction de l'entreprise la législation applicable.

Son attitude est donc constitutive d'une fraude de sa part qui a vicié le consentement de son employeur.

Or rappelons que lorsque le contrat de travail est rompu en exécution d'une convention de rupture, ensuite annulée en raison d'un vice du consentement de l'employeur, la rupture produit les effets d'une démission (voir notre article Rupture conventionnelle annulée pour avoir dissimulé des éléments à l’employeur : attention cela équivaut à une démission !).

Au cas d'espèce, la rupture conventionnelle produit donc les effets d'une démission dès lors que le consentement de l'employeur a été vicié. La salariée devra restituer les sommes perçues à l’employeur…

Modèle de document gratuit
Télécharger
Icon megaphone
Bon à savoir
Icon représentant le panneau attention
Important !

Modèle de document gratuit
Télécharger
Icon megaphone
Bon à savoir
Icon représentant le panneau attention
Important !

Icon megaphone
Bon à savoir

Icon megaphone
Bon à savoir

Icon megaphone
Bon à savoir

Icon megaphone
Bon à savoir

Icon megaphone
Bon à savoir

Icon megaphone
Bon à savoir

Icon megaphone
Bon à savoir

Des questions sur la rupture conventionnelle ? L’équipe Qiiro est à votre disposition.

Références
  • Cour d'appel de Versailles, chambre sociale 4-4, 1er octobre 2025, RG n° 23/02254
Avertissement : Informations à titre informatif uniquement

Les informations contenues sur ce site web sont fournies à titre informatif et ne constituent en aucun cas un avis juridique. Elles sont basées sur l'état actuel du droit et des pratiques en vigueur.

Ces informations ne sauraient être interprétées comme une consultation ou un conseil juridique. Seuls les professionnels du droit habilités à exercer peuvent fournir de tels services.

L'éditeur de ce site web ne saurait être tenu responsable de l'utilisation qui pourrait être faite des informations présentes. Il est fortement recommandé de consulter un avocat pour toute question juridique spécifique ou pour obtenir un conseil adapté à votre situation personnelle.

Daily’CSE, la newsletter consacrée à l’actualité des CSE
Recevez chaque semaine les toutes dernières actualités du CSE rédigées par nos juristes experts en droit social.
Merci ! Votre e-mail a bien été enregistré
Oops! Something went wrong while submitting the form.