Droit de se taire pendant un entretien préalable : pas d’information des salariés !

Article rédigé par Anne-Lise Castell
Publié le 23 juin 2025, mis à jour le 19 septembre 2025

Le salarié convoqué à un entretien préalable doit-il être informé du droit qu'il a de se taire ? La question a été posée au Conseil constitutionnel. Et sa réponse est négative.

Quelques rappels sur l’entretien préalable

Avant toute sanction disciplinaire, le salarié doit être convoqué à un entretien préalable. Le salarié qui se rend à cet entretien préalable peut venir accompagné notamment d’un élu CSE (voir notre article Assistance d’un salarié lors d’un entretien préalable : 4 décisions récentes à connaître.

Pendant cet entretien, l’employeur va expliquer au salarié ce qui lui est reproché et entendre ses explications éventuelles. Sachant que le salarié n’est pas obligé de venir à l’entretien préalable (cela n’empêche pas la procédure de se poursuivre). Il n’est pas obligé non plus de répondre aux questions de l’employeur.

Modèle de document gratuit
Télécharger
Icon megaphone
Bon à savoir
Icon représentant le panneau attention
Important !

La question de l’information sur le droit de se taire d’un salarié pendant l’entretien préalable

Une salariée a demandé de renvoyer au Conseil constitutionnel deux questions prioritaires de constitutionnalité concernant le Code du travail. Elles concernent des articles sur les garanties de procédure en cas d'entretien préalable à une sanction disciplinaire ou un licenciement (C. trav., art. L. 1332-2 et L. 1232-3 et L. 1332-2).

Bon à savoir : par le biais de la question prioritaire de constitutionnalité, il s’agit de soutenir qu'une disposition législative porte atteinte aux droits et libertés que la Constitution garantit. Si la question est recevable, le Conseil constitutionnel, saisi sur renvoi par le Conseil d'État ou la Cour de cassation se prononce et peut décider, le cas échéant, de supprimer la disposition législative.

La salariée interroge sur le fait que ces dispositions ne prévoient pas la notification aux salariés de leur droit de se taire durant leur entretien ; ce qui porterait atteinte aux droits garantis par l'article 9 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789.

La Cour de cassation a considéré que les questions posées ne sont pas dépourvues de caractère sérieux car il pourrait être estimé qu'un salarié faisant l'objet d'une procédure de licenciement pour motif disciplinaire ne peut être entendu sur les manquements qui lui sont reprochés par l'employeur sans être préalablement informé du droit qu'il a de se taire. Au tour donc désormais du Conseil constitutionnel. Et il vient de le faire le 10 septembre dernier.

Modèle de document gratuit
Télécharger
Icon megaphone
Bon à savoir
Icon représentant le panneau attention
Important !

Pas d’obligation pour le Conseil constitutionnel !

Le Conseil constitutionnel a analysé les différents articles du Code du travail et a considéré qu’ils sont bel et bien conformes à la Constitution.

Il relève notamment :

  • que le licenciement et la sanction décidés par un employeur à l’égard d’un salarié ou d’une personne employée dans les conditions du droit privé ne relèvent pas de l’exercice par une autorité de prérogatives de puissance publique ;
  • et que de telles mesures sont prises dans le cadre d’une relation régie par le droit du travail et ont pour seul objet de tirer certaines conséquences, sur le contrat de travail, des conditions de son exécution par les parties.

Ni le licenciement pour motif personnel d’un salarié ni la sanction prise par un employeur dans le cadre d’un contrat de travail ne constituent une sanction ayant le caractère d’une punition.

Concrètement rien ne change et il n’est donc pas imposé à l’employeur de préciser au salarié qu’il a le droit de se taire lorsque ses explications sont recueillies. 

Modèle de document gratuit
Télécharger
Icon megaphone
Bon à savoir

En tant qu’élu CSE, vous pouvez tout à fait sensibiliser les salariés sur cette question du droit de se taire. Spécialement si vous les accompagnez lors d’un entretien préalable.

Icon représentant le panneau attention
Important !

Icon megaphone
Bon à savoir

Icon megaphone
Bon à savoir

Icon megaphone
Bon à savoir

Icon megaphone
Bon à savoir

Icon megaphone
Bon à savoir

Icon megaphone
Bon à savoir

Icon megaphone
Bon à savoir

Des questions sur la procédure disciplinaire ? Qiiro peut vous renseigner.

Références
  • Conseil constitutionnel, décision n° 2025-1160/1161/1162 QPC du 19 septembre 2025
  • Cour de cassation, chambre sociale, 20 juin 2025, pourvoi n° 25-11.250, question prioritaire de constitutionnalité
Avertissement : Informations à titre informatif uniquement

Les informations contenues sur ce site web sont fournies à titre informatif et ne constituent en aucun cas un avis juridique. Elles sont basées sur l'état actuel du droit et des pratiques en vigueur.

Ces informations ne sauraient être interprétées comme une consultation ou un conseil juridique. Seuls les professionnels du droit habilités à exercer peuvent fournir de tels services.

L'éditeur de ce site web ne saurait être tenu responsable de l'utilisation qui pourrait être faite des informations présentes. Il est fortement recommandé de consulter un avocat pour toute question juridique spécifique ou pour obtenir un conseil adapté à votre situation personnelle.

Daily’CSE, la newsletter consacrée à l’actualité des CSE
Recevez chaque semaine les toutes dernières actualités du CSE rédigées par nos juristes experts en droit social.
Merci ! Votre e-mail a bien été enregistré
Oops! Something went wrong while submitting the form.