Nous l’avons évoqué brièvement dans le premier article dédié aux NFT, le smart contract est un élément essentiel aux NFT qui mérite que l’on s’attarde dessus. Le smart contract, dont la traduction littérale est celle de “contrat intelligent” est avant tout un contrat qui, comme tout autre, énonce les conditions d’un accord et cèle le consentement des parties.
Toutefois, ces contrats ont la particularité de fonctionner au sein d’une blockchain, ou de tout autre technologie de registre distribué. Ainsi, il n’est pas inutile de revenir sur la définition du smart contract, sur leur utilité et leur fonctionnement. Nous terminerons par présenter les avantages de ces contrats, avant d’en donner quelques exemples afin d’illustrer ces considérations théoriques.
Enfin, avant toute chose il convient de préciser un point qui a toute son importance : il ne faut absolument pas confondre le smart contract et l’intelligence artificielle. Les technologies entourant la blockchain sont extrêmement innovantes, mais celles-ci n’ont pas encore résolu les limitations liées à l’intelligence artificielle sur lesquelles les géant de la tech s’arrachent encore les cheveux.
Le terme de smart contract a été introduit pour la première fois il y a un peu plus d’une vingtaine d’années, par l’informaticien et cryptographe Nick Szabo lors de ses études à l’Université de Washington.
Dans ses travaux intitulés “Smart Contracts : Building Blocks for Digital Markets” il explique la chose suivante : “J'appelle ces nouveaux contrats "intelligents", car ils sont beaucoup plus fonctionnels que leurs ancêtres papier inanimés. Aucune utilisation de l'intelligence artificielle n'est implicite. Un contrat intelligent est un ensemble de promesses, spécifiées sous forme numérique, y compris des protocoles dans lesquels les parties s'acquittent de ces promesses.”
A cette époque, la technologie de registre décentralisé n’en était qu’à ses prémices. Il y avait donc peu d'intérêt autour des smart contract. Les choses ont considérablement évolué en 2008 avec la création du Bitcoin développé sur une blockchain. C’est cette technologie qui a permis le développement du smart contract.
Actuellement, la blockchain Ethereum est la plus utilisée pour les smart contract. Toutefois, de nombreuses autres blockchain permettent également d’héberger des smart contract : Tezos, Solana, Polkadot ou Algorand. De plus, il est tout à fait possible d’intégrer le smart contract à une blockchain privée afin de limiter son accessibilité.
En principe l’accessibilité au code et à l’exécution du smart contract est ouverte à tous, sauf dans le cas où il est basé sur une blockchain privée. Chaque "nœud" - grosso modo les ordinateurs connectés à la blockchain - stocke une copie du smart contract et les transactions rattachées. Il existe ainsi autant de copies que de nœud validateur, ce qui a pour effet d’exclure les risques d’altération ou de perte du smart contract.
Ensuite, le code du smart contract est exécuté par tous les noeuds du réseau pour qu’ils parviennent à un consensus sur le résultat de cette exécution. Ce consensus permet aux smart contract de fonctionner sans l’aide d’une autorité centralisée. Nous retrouvons ici le cœur des bienfaits de la décentralisation.
Enfin, dès lors que le smart contract est stocké dans une blockchain, il ne peut plus être modifié par quiconque. Grâce à cette immutabilité, le contrat bénéficie d’une certaine pérennité. Toutefois ce principe supporte deux exceptions :
Les avantages du smart contract sont nombreux 👍
Nous le disions précédemment, les smart contract bénéficient d’une exécution automatique sur le réseau décentralisé. Ils permettent ainsi de réduire le nombre de personnes intervenant dans la transaction. Par exemple, dans le secteur des assurances l’assureur n’aura plus à analyser le dossier pour accepter ou refuser une indemnisation. Les conditions seront automatiquement vérifiées grâce au smart contract, et l’indemnisation sera elle aussi automatique si les conditions sont remplies.
Cette autonomie permet de considérablement réduire les coûts des intermédiaires qui interviennent classiquement dans l’élaboration, l’exécution et le suivi d’un contrat. Enfin, cette autonomie empêche toute interprétation du contrat qui a tendance à créer des litiges.
En raison de leur caractère automatique, les smart contract améliorent considérablement la vitesse d’exécution du contrat.
Le smart contract bénéficie de la sécurité et de l’immutabilité de la blockchain. Nous le disions, une fois que le contrat intelligent est enregistré sur la blockchain il n’est plus possible de le modifier, ni même par son créateur initial.
Le code du smart contract est stocké sur la blockchain. Or, les blockchain publiques ont comme caractéristique d’être transparentes. Ainsi, toute personne intéressée peut consulter le code du smart contract, et même s’assurer de son bon fonctionnement.
En outre, en tant que grand registre décentralisé, la blockchain fait bénéficier au smart contract de sa décentralisation. Dès lors, le smart contract est accessible à tout moment, depuis n’importe quel endroit.
Les domaines qui peuvent utiliser les smart contract sont nombreux. A titre non exhaustif, les secteurs concernés sont :
Dans le domaine de l’assurance, le smart contract pourrait révolutionner le fonctionnement du secteur et faciliter les choses autant pour l’assureur, que pour l’assuré. En effet, indéniablement l’utilisation des contrats intelligents permettrait de mettre un terme aux formalités administratives souvent conséquentes dans le domaine.
Prenons l’exemple d’un viticulteur qui subit un sinistre en raison d’une catastrophe naturelle. A la suite du sinistre, le viticulteur pourrait envoyer des photos via son smartphone et le smart contract pourrait être codé de façon à récupérer les données météorologiques du lieu où le sinistre est déclaré. Grâce à ces éléments objectifs, l’assuré pourrait être indemnisé quasiment instantanément par son assureur.
Concernant le secteur bancaire, les smart contact pourraient permettre aux banques d’échanger directement et instantanément des liquidités, sans avoir à vérifier et enregistrer les transactions.
Ensuite, le smart contract permet également aux particuliers de souscrire à des prêts. C’est ce que l’on appelle le flash loan ou prêt instantané qui permet en une seule et unique transaction, de :
Le flash loan reste un cas d’usage complexe, pour l’heure accessible qu’aux personnes ayant des connaissances avancées en programmation.
Pour la supply chain, le smart contract est déjà utilisé de la même manière qu'un contrat classique, mais avec l'avantage de l'automatisation. Grâce à lui, un industriel ou un revendeur peut définir le prix d'achat de chaque article d'une commande récurrente (un contrat cadre), en prévoyant également les pénalités de retard, ou d'éventuels bonus en cas de livraison en avance. Une fois le contrat lié aux comptes de chaque partie, le paiement à la livraison accompagné des pénalités ou du bonus seront automatiques. Cette automatisation exclut d'éventuel litige sur le refus de paiement de la prestation ou des pénalités de retard.
Le smart contract est adapté au secteur immobilier et plus particulièrement aux séquestres. En effet, le processus de transfert de propriété est stressant et peut être risqué à la fois pour le vendeur et l’acheteur. Jusqu’à présent la méthode la plus efficiente et la plus sécurisée consiste à faire appel à un tiers, notamment un notaire pour garantir le respect des conditions de vente et assurer la mise sous séquestre des fonds. Toutefois, cela a pour conséquence d’augmenter de façon non négligeable les coûts d’une vente immobilière.
En bref : Le smart contract résout le problème de sécurité intrinsèque à une vente, tout en rendant l’intervention d’un tiers facultative. Tout le mécanisme de la vente est regroupé dans un seul et même mécanisme autonome : le smart contract.
Enfin, le smart contract peut s’appliquer à différentes natures de transaction : aux prestations de services, aux locations ou aux ventes.