Un salarié qui a subi des remarques sur sa couleur de peau peut agir en discrimination. Y compris si les propos ont été tenus en dehors du temps de travail, pendant un événement organisé par le CSE. Illustration.
Il existe une protection contre les discriminations à la fois dans le Code pénal et le Code du travail.
Au niveau du Code du travail, c’est l’article L. 1132-1 qui protège les salariés et fixe les motifs de discrimination. Parmi ceux-ci figurent notamment l’origine et l’appartenance ou sa non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation ou une prétendue race.
Bon à savoir : On distingue les discriminations directes (visible, affichée) des discriminations indirectes (une pratique qui a un effet préjudiciable pour certaines personnes). Vous pouvez vous reporter à notre fiche pratique sur la discrimination pour en savoir plus.
Un salarié qui s’estime victime d’une discrimination peut donc agir :
Une affaire récente nous a fourni une illustration de demande de résiliation judiciaire pour une discrimination fondée sur l’origine. La difficulté ici c'est que les propos avaient été tenus lors d’une fête organisée par les représentants du personnel. Qu'en ont dit les juges ?
Dans cette affaire, la salariée dénonce auprès de son employeur des propos racistes tenus par sa responsable hiérarchique avant de demander la résiliation de son contrat de travail. Elle estime que l’employeur a manqué à son obligation de sécurité.
La salariée expliquait avoir subi les quolibets et clichés racistes de sa supérieure hiérarchique, à son égard et vis-à-vis des noirs en général de manière récurrente, depuis son entrée en fonction et plus spécialement à l'occasion du repas de Noël organisé par les élus.
De son côté, l'employeur fait notamment valoir que les faits se sont déroulés dans le cadre d'un événement festif organisé, non pas par l'employeur, mais par le comité d'entreprise (devenu CSE), personne morale distincte, en dehors de l'entreprise et du temps de travail. Pour lui, ils ne se rattachent donc pas à la vie professionnelle de la salariée et à celle de l'entreprise.
La cour d’appel donne raison à l’employeur. Mais la Cour de cassation n’a pas la même approche…
La Cour de cassation commence par rappeler comment fonctionne la preuve des discriminations :
Or ici, il a été constaté que les propos à caractère raciste, tenant à la couleur de la peau de la salariée, avaient été tenus par sa supérieure hiérarchique au cours d'un repas de Noël avec des collègues de travail, organisé par les élus. De tels propos relèvent donc pour la Cour de cassation de la vie professionnelle de la salariée. Elle présente bien des éléments laissant supposer une discrimination en raison de ses origines. L’affaire sera donc rejugée.
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