Un salarié qui s’estime victime de harcèlement moral et décide d’aller en justice n’a pas à prouver tout seul le harcèlement. Il doit seulement présenter des premiers éléments. A l’employeur ensuite d’y répondre et justifier ces décisions. Voici un exemple récent.
Le harcèlement moral se définit comme le fait pour le salarié :
Il faut savoir qu’un salarié victime de harcèlement moral dispose d’un délai de 5 ans pour saisir le conseil de prud’hommes et demander réparation..
Mais il n’est pas forcément simple pour un salarié qui s’estime harcelé de fournir des éléments de preuve.
Bonne nouvelle : ce n’est pas à lui de tout faire. La preuve est partagée.
Le salarié doit :
Les juges doivent examiner tous les faits invoqués par le salarié.
Cette affaire concernait un assistant parlementaire qui demande des dommages et intérêts pour harcèlement moral. Pour la cour d’appel, le salarié n'apportait pas d'éléments suffisants pour constater le harcèlement moral. Elle a considéré que la situation consistait juste en une manifestation des exigences du député quant au travail demandé à son assistant parlementaire, ce travail nécessitant de la réactivité.
Mais la cour d’appel n’a pas fait son job. Pour pouvoir établir s’il y avait ou non du harcèlement, il fallait :
Ici la cour d’appel a fait peser uniquement la preuve sur le salarié et l’affaire devra donc être rejugée.
A toute fin utiles, voici quelques exemples d’éléments que le salarié peut invoquer : échanges de mails ou SMS, courriers, compte-rendus de réunion ou d’un entretien d'évaluation, certificats médicaux, témoignages ou attestations, absence de réactivité de l’employeur suite à un signalement…
Un salarié ne doit jamais avoir peur de parler de faits de harcèlement moral qu’il subit ou dont il est témoin. Il existe une protection pour tous ceux qui dénoncent des faits de harcèlement. Aucune mesure disciplinaire ne peut être prise en réaction à cette dénonciation et tout licenciement éventuel doit être annulé. Le salarié licencié bénéficie alors du choix :
Précision intéressante à connaître : on peut bénéficier de cette protection même si au départ on a pas qualifié les faits dénoncés de harcèlement moral (Cass. soc., 19 avril 2023, n° 21.21.053).
Peu importe qu’à la fin le harcèlement ne soit pas reconnu, ce qui compte c’est que le salarié soit de bonne foi et pensait vraiment être face à du harcèlement. Par contre, s'il sait qu’il ment et dénonce des faits qui n’existent pas, la protection tombe.
En tant qu’élu, vous avez un vrai rôle à jouer pour accompagner les salariés en matière de harcèlement. Mais ce rôle est souvent méconnu ou mal maîtrisé. Nos juristes Qiiro se tiennent prêts à vous accompagner sur ce point grâce à des formations.