Tout savoir le droit d’alerte du CSE

Publié le 24 octobre 2023

Le Comité Social et Économique (CSE) dispose de droits d'alertes pour prévenir les risques professionnels. Dans cet article, nous allons explorer les différents aspects de ces droits d'alertes, de leur exercice à leur procédure et aux moyens d'action en Santé, Sécurité et Conditions de Travail (SSCT).

🥳 Bon à savoir : QiiRO propose des formations à destination des élus du CSE ! En effet, nos juristes dispensent des formations commission santé sécurité et conditions de travail (CSSCT), économique, référent harcèlement, trésorier, et élection professionnelle !

Le droit d'alerte du CSE : qu'est-ce que c'est ?

Parmi les nombreuses prérogatives des élus du CSE, ces derniers disposent d’un droit d’alerte leur octroyant la possibilité d’alerter l’employeur dès lors qu’ils constatent une situation et/ou des faits préoccupants au sein de l’entreprise ⛔. 

Les droits d’alertes du CSE sont régis par le Code du travail et varient en fonction de la taille de l’entreprise.

En effet, le CSE quelle que soit la taille de l'entreprise, a le pouvoir de déclencher un droit d'alerte en présence :  

  • d’atteinte aux droit des personnes ; 
  • de danger grave et imminent ; 
  • de danger pour l'environnement. 
💡Bon à savoir : Il existe également deux autres droit de retrait. Ces derniers ne sont ouverts qu’aux CSE des entreprises d'au moins 50 salariés à savoir, le droit d'alerte économique (article L. 2312-63 et suivants du Code du travail) et le droit d'alerte sociale (article L. 2312-70 et suivants du Code du travail).

Dès lors que l’employeur a connaissance d’un danger grave et imminent pour ses salariés, il doit tout mettre en œuvre pour le faire cesser immédiatement.

En effet, pour rappel, l’employeur dispose d’une obligation de santé et sécurité à l’égard de ses salariés. Si ce dernier reste passif, après avoir eu connaissance du danger, il s’expose à des sanctions. 

Quelle est la différence entre le droit d’alerte et le droit de retrait ?

Dès lors que le salarié a un motif raisonnable de penser que le maintien de son poste de travail présente un danger grave et imminent pour sa vie, sa santé ou sa sécurité, le Code du travail prévoit que le salarié pourra exercer son droit d’alerte et de retrait 🔙.

Or, comment mesurer la gravité ou l’imminence d’un danger pour sa vie et sa santé ? Où placer le curseur ? La jurisprudence en la matière n’est pas constante! 📊 

Les juges ont parfois admis que le “danger grave et imminent” doit s’entendre comme une menace sérieuse évinçant tout moyen d’agir pour échapper au danger. Au contraire, les juges ont parfois considéré que le “danger grave et imminent” peut résulter d’une appréciation subjective, même erronée, tant que la croyance du danger est raisonnable et sincère… Force est donc de constater que le bien-fondé du droit d’alerte et de retrait du salarié souffre d’une évaluation au cas par cas. 

💡Bon à savoir : La conséquence d’un droit d’alerte et de retrait reconnu comme fondé, est d’imposer à l’employeur de prendre toutes les mesures nécessaires et appropriées pour faire cesser le danger.

Comment exercer le droit d'alerte pour le CSE ?

La procédure de droit d’alerte varie en fonction du type de droit d’alerte projeté. Nous allons donc les étudier de manière spécifique ! 🕵️

Le droit d'alerte en cas d'atteinte aux droits des personnes

Les exemples sont multiples. En effet, il peut s’agir d’ingérence de l’employeur telles que l’enregistrement de conversations privées du salarié, de discrimination en matière d’embauche et de rémunération mais aussi d’intrusion de l’employeur dans la messagerie personnelle d’un salarié. 

L’atteinte aux droits des personnes s’illustre notamment par des faits de harcèlement moral ou sexuel. 

Dès lors qu’une telle atteinte est constatée par un membre du CSE, notamment par l’intermédiaire d’un salarié de l’entreprise, ce dernier doit saisir immédiatement l’employeur ! 

Une fois saisi, l’employeur sera tenu de : 

  • procéder à une enquête avec le membre du CSE ayant exercé son droit d’alerte ; 
  • prendre les dispositions nécessaires afin de remédier à la situation. 

Si l’employeur ne prend aucune mesure, le membre du CSE doit saisir le conseil de prud'hommes.

Le salarié concerné doit donner son accord pour cette démarche.

Le Droit d'alerte en cas de danger grave et imminent

Les situations de danger graves et imminentes se rencontrent dans diverses situations. Il peut ainsi s’agir d’une défectuosité d’une installation en BTP, d’un poste de travail dangereux pour l’intégrité physique du salarié ou qui présente un risque grave pour sa santé mais également un risque d’amiante qui n’est pas contenu, entre autres.

Concernant la procédure à suivre, comme pour le droit d’alerte en cas d’atteinte aux droits des personnes, le membre du CSE doit immédiatement informer l'employeur. 

L'alerte du membre du CSE doit par la suite être consignée par le biais d’un écrit sur le registre des dangers graves et imminents qui a été ouvert par l'employeur. En outre, cet écrit devra être daté et signé. Les informations suivantes devront y figurer : 

  • Le nom du/des travailleur(s) exposé(s) ;
  • La nature et la cause du danger ; 
  • Le/les poste(s) de travail concerné(s) par la cause du danger constaté

De nouveau, l’employeur devra procéder immédiatement à une enquête avec le membre du CSE qui a déclenché l'alerte. Il devra ensuite prendre les mesures nécessaires afin de remédier à la situation.

À la fin de l'enquête, une fiche de renseignements devra obligatoirement être adressée à l’inspecteur du travail.

Si un désaccord survient entre le membre du CSE et l'employeur, l'employeur devra réunir le CSE dans un délai de 24 heures.

L'agent du service de prévention de la Carsat (Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail) ainsi que l’inspecteur du travail seront également informés et pourront assister à la réunion.

L'inspecteur du travail pourra quant à lui mettre en demeure l'employeur de remédier à la situation.

Le droit d'alerte en cas de risque grave pour la santé publique et l'environnement

Là encore, un membre du CSE qui constate dans l'entreprise un risque grave pour la santé publique ou l’environnement devra avertir son employeur. 

L'alerte devra être consignée par écrit dans un registre spécial qui a été ouvert par l'employeur.

L'alerte sera datée et signée. Les informations suivantes devront être indiquées dans l’écrit :

  • Les produits ou procédés de fabrication utilisés par l'établissement dont le travailleur estime qu'ils présentent un risque grave pour la santé publique ou l'environnement ;
  • Les conséquences éventuelles pour l’environnement ou la santé publique ; 
  • Toute autre information utile à l'appréciation de l'alerte. 

Le droit d'alerte économique

Conformément à l’article L.2312-63 et suivants du Code du travail, le CSE peut saisir l’employeur dès lors qu’il considère qu’une situation dont il a connaissance peut avoir des effets négatifs sur l’entreprise afin d’obtenir des explications. 

Ainsi, le CSE peut utiliser son droit d’alerte s’il pense que la situation économique de l’entreprise est alarmante. Les exemples sont multiples. Le CSE peut mettre en œuvre son droit d’alerte suite à un refus de certification des comptes par le commissaire aux comptes, suite à une non reconstitution du capital social, entre autres. 

Dès lors que le CSE a connaissance de tels faits de nature à compromettre la pérennité économique de l’entreprise, il pourra demander à l’employeur de lui fournir des explications. 

Il est nécessaire que cette demande soit inscrite à l’ordre du jour de la prochaine réunion du CSE

⛔ Attention : Au risque de me répéter, le droit d’alerte économique est réservé au CSE des entreprises de plus de 50 salariés ! 

Le droit d'alerte sociale

En vertu de l’article L.2312-70 du Code du travail, le CSE peut lancer le droit d’alerte sociale lorsqu’il existe une augmentation significative du nombre de contrats précaires (contrats à durée déterminée et contrats de mission). 

Le CSE devra suivre les étapes suivantes : 

  • Alerter l’employeur à l’occasion d’une réunion du CSE ; 
  • Saisir l’inspection du travail en cas d’abus de la part de l’employeur aux contrats précaires ; 
  • Transmettre à l’employeur le rapport qui aura été établi par l’inspection du travail ; 
  • C’est à l’employeur par la suite de transmettre ledit rapport aux salariés avec les mesures à entreprendre afin de remédier au recours abusifs des contrats précaires. 
Attention : Piqûre de rappel, là encore, le droit d’alerte sociale est réservé au CSE des entreprises de plus de 50 salariés ! 

Quels sont les différents moyens d'alerte du CSE sur les conditions de travail ?

Le Comité Social et Économique (CSE) dispose de différents moyens d'alerte pour signaler à l'employeur les problèmes liés aux conditions de travail.
Ces moyens sont utilisés dans des situations où la gravité de la situation peut avoir un impact direct sur les employés de l'entreprise. Voici les étapes à suivre :

  • Identification de la situation : Le CSE doit constater une situation d'une certaine gravité susceptible de mettre en danger les salariés ;
  • Notification à l'employeur : Le CSE doit informer l'employeur de la situation alarmante, en lui faisant part des problèmes constatés ;
  • Enquête conjointe : Le CSE et l'employeur doivent diligenter une enquête afin de caractériser la situation de danger et d'évaluer les risques potentiels ;
  • Mesures correctives : Suite à l'enquête, si un accord est trouvé entre le CSE et l'employeur, des mesures seront mises en place pour remédier à la situation et assurer la sécurité des salariés ;
  • Recours juridique : Si aucun accord n'est trouvé, le CSE ou la victime peut saisir le Conseil de Prud'hommes pour prendre les mesures nécessaires et faire valoir les droits des salariés ;

Il est important de noter que le CSE joue un rôle essentiel dans la protection des salariés et la préservation de leurs conditions de travail.
En utilisant ces moyens d'alerte, le CSE s'assure de signaler les problèmes et de travailler en collaboration avec l'employeur pour trouver des solutions appropriées.

Qui peut déclencher une procédure d'alerte au CSE ?

Par principe, le droit d’alerte CSE est réservé aux représentants du personnel siégeant à l’instance représentative du CSE. 

Néanmoins, l’alerte pourra être lancée par un salarié non titulaire dès lors qu’il est exposé à une situation de danger ! Ce dernier pourra ainsi se rapprocher des membres élus de son CSE afin que ces derniers lancent une alerte auprès de l’employeur. 

Le salarié peut également se trouver en position de lanceur d’alerte. En effet, il devra avertir son employeur d’un risque grave que l’entreprise fait courir à la santé publique ou à l’environnement.  
Il est important de souligner que le droit d'alerte du CSE et le rôle de lanceur d'alerte du salarié visent à assurer la sécurité et la protection des travailleurs ainsi que la préservation de l'intérêt général.
Ces mécanismes permettent de signaler et de prévenir les situations de danger, favorisant ainsi un environnement de travail sain et sécurisé.

Comment rédiger une lettre d’exercice du droit d'alerte ?

Lorsque le CSE a connaissance de faits de nature à compromettre l’activité de la société ou les droits et libertés des salariés, il peut exercer son droit d’alerte via une lettre adressée à l’employeur 📨. 

Il s’agira donc d’étudier le contenu de cette  lettre d'exercice du droit d'alerte  avant d’entrer plus en détails dans les différentes étapes de la procédure d’alerte du CSE. 

📨La lettre d'exercice du droit d'alerte est une étape phare non seulement puisqu’elle matérialise l’exercice du droit d‘alerte des membres du CSE, mais encore et surtout parce qu’elle marque 🚩 le déclenchement de la procédure du droit d’alerte. En effet, et tel que développé dans les précédents propos, le droit d’alerte implique le respect d’une procédure particulière, notamment l’ouverture d’une enquête conjointe 👥. 

Lorsque le CSE rédige une lettre pour exercer son droit d’alerte, il est nécessaire de préciser la nature de l’alerte qu’il entend mettre en œuvre. En effet, et tel qu’évoqué dans les précédents développements, il existe différentes formes de droit d’alerte, lesquelles varient s’il s’agit, à titre d’exemple, d’un danger grave et imminent, d’une atteinte à l’environnement ♻️ et à la santé publique 😷 ou encore, d’une l’atteinte au droit des personnes 👥. 

Il est à noter que le fait de préciser la nature du droit d’alerte dans la lettre d’exercice dudit droit, par le CSE, est important puisqu’il marque le début de la procédure et détermine, en l'occurrence, la procédure  adaptée à l’atteinte.

En tant qu’élément crucial et marquant de l’exercice du droit d’alerte dont dispose le CSE pour mettre en lumière des faits pouvant mettre en difficulté l’entreprise et/ou les salariés, la lettre d’exercice du droit d’alerte ne doit pas omettre certains éléments ! Alors, que faut-il mentionner dans une lettre d'exercice du droit d'alerte

1️) Indiquer la qualité du titulaire du droit 

Plus précisément, il s’agira de mentionner, dès le premier paragraphe de la lettre, que l’exercice du droit d’alerte est effectué par un membre de la délégation du personnel du CSE. 

2️) Le fondement juridique du droit d’alerte 

Afin d’être appréciée comme telle, la lettre d’exercice du droit d’alerte doit préciser le fondement juridique. En d’autres termes, il faudra mentionner s’il s’agit, par exemple, d’un droit d’alerte économique ou d’un droit d’alerte pour violation du droit des personnes.

3️) Mentionner l’objectif de l’exercice du droit d’alerte 

Nous l’avons compris, le droit d’alerte mis en oeuvre par un membre du CSE a vocation à 📢dénoncer des faits de nature à compromettre le bon fonctionnement de l’entreprise et à solliciter l’ouverture d’une enquête conjointe 🕵️.

4️) Préciser les faits et l’atteinte faisant l’objet du signalement 

A titre illustratif, il sera nécessaire de préciser la date des faits, les caractéristiques de l’atteinte, le nombre de salariés concernés voire l’identité de ceux-ci. 

5️) Demander l’organisation d’un entretien entre l’employeur et le membre du CSE à l’origine de l’alerte

En fonction des situations devant être portées à la connaissance de l’employeur, les développements à intégrer à la lettre d’exercice du droit d’alerte peuvent varier. Mais, ne vous en faites pas, l’ensemble de l’équipe de juristes augmentés QiiRO se tient à votre entière disposition pour vous accompagner et vous conseiller. 

📝A noter : Aucun formalisme n’est requis quant à l’information de l’employeur. En d’autres termes, celle-ci peut être faite par tous moyens 📜🗣️📩! En pratique, l’information de l’employeur se matérialise par l’envoi de la fameuse lettre d'exercice du droit d'alerte

Quelle est la responsabilité de l’employeur en matière de droit d’alerte ?

Si l’employeur ne met pas fin à l’atteinte, nous nous retrouverons dans une hypothèse dite de “carence” de l’employeur. Cela signifie qu’après réalisation de l’enquête conjointe, il est constaté que l’employeur a manqué à l’une de ses obligations, causant ainsi une atteinte aux droits des salariés ou plus largement, une atteinte à l’environnement, la santé publique ou en matière économique. 

Bien plus, il peut également exister des situations dans lesquelles l’employeur ne met pas fin à l’atteinte, pourtant constatée à l’issue de l’enquête conjointe, il n’exécute pas les mesures qu’il devait prendre pour faire cesser l’atteinte aux différents droits 😱.

Dans ces diverses situations, le membre du CSE devra saisir le juge du Conseil de Prud’hommes, lequel pourra ordonner à l’employeur de mettre en œuvre les mesures appropriées tendant à faire cesser l’atteinte objet de l’alerte. 

Par ailleurs, conformément à l’article L.4741-1 du Code du travail, l’employeur est passible d’une amende de 10 000€ !
Cette disposition légale met en évidence l'importance accordée par la législation au respect des normes de santé et de sécurité au travail. Elle vise à dissuader les employeurs de négliger leurs obligations en matière de prévention des risques professionnels et de garantie de la santé et du bien-être des salariés.
Cela souligne l'importance d'une gestion rigoureuse des risques professionnels et de la mise en place de mesures de prévention adéquates dans tous les domaines d'activité.

Pour aller plus loin avec le droit d'alerte du CSE

‎👏 Félicitations ! Vous savez désormais tout sur la lettre d'exercice du droit d'alerte. Si d’autres pans de ce droit ou des prérogatives du CSE vous intéressent, n’hésitez pas à parcourir le site qiiro.eu, votre Juriste Augmenté QiiRO se fera un plaisir de vous renseigner sur le sujet. 

Si vous avez des questions,QiiRO propose un service juridique qui vous permet un accès à notre équipe de juristes spécialisés pour répondre à vos questions et vous aider dans vos démarches ! Pour plus d’informations, vous pouvez nous contacter par mail 📧, chat 💬 ou téléphone📱 !

Références
Découvrez la plateforme juridique des CSE
picto check noir
Accompagnement juridique
picto check noir
Compte rendu de réunion
picto check noir
Documents en illimité
picto check noir
Formation des élus
picto check noir
Visio avocat
picto check noir
Actualités
Planifier une démo