Tout savoir sur le rôle du référent harcèlement du CSE

Article mis à jour le 1er septembre 2025

Le référent harcèlement du CSE, mais qui est-ce ?

Pour lutter contre le harcèlement, le législateur a instauré l’obligation de nommer au sein des CSE un référent en matière de lutte contre le harcèlement au sein de l’entreprise. 

Ce référent doit être choisi par les membres du CSE. Et ce n’est pas juste un titre honorifique, le référent a un vrai rôle à jouer. 

Voyons ensemble qui peut être désigné référent harcèlement, quelles sont ses missions et enfin les moyens mis en place par l’entreprise pour garantir sa bonne mission.

La désignation du référent harcèlement au sein du CSE

Les conditions posées par le Code du travail 

Un référent harcèlement doit être nommé parmi les membres du CSE titulaires ou suppléants. C’est l’article L. 2314-1 du Code du travail qui précise qu’un “référent en matière de lutte contre le harcèlement sexuel et les agissements sexistes est désigné par le comité social et économique parmi ses membres”. Cette décision est adoptée à la majorité des membres présents.

Le mandat de ce référent prendra fin en même temps que celui des membres élus au CSE, soit en principe tous les 4 ans. 

La nomination du référent harcèlement est obligatoire dans toutes les entreprises disposant d’un CSE depuis 2019 tel que le prévoit le Code du travail. Il n’y a aucune condition d’effectif. 

Notre conseil :  Il est opportun de désigner un membre du CSE qui détient des connaissances en matière de lutte contre le harcèlement moral, harcèlement sexuel et les agissements sexistes. Il est préférable que cette personne ait une appétence pour ces problématiques et un certain niveau d’empathie afin de pouvoir comprendre au mieux les victimes. 

L’absence de sanction en l’absence de référent

Bien que cette mesure soit obligatoire dans toutes les sociétés disposant d’un CSE, il n’y a aucune sanction quant au non-respect de cette disposition. 

La présence ou non d’un référent n’empêche pas un salarié victime de harcèlement d’agir en justice. Même c’est un appui précieux pour le salarié victime qui ne sait pas toujours vers qui se tourner.

Ne pas confondre avec le référent désigné par l’employeur

Un autre référent peut aussi être présent au sein de l’entreprise. En effet, l’article L. 1153-1-1 du Code du travail dispose qu’un “référent chargé de la lutte contre le harcèlement sexuel et les agissements sexistes doit être désigné par l’employeur dans les entreprises de plus de 250 salariés”.

On parle du référent dit “sexisme”. 

A noter : Il peut s’agir de n’importe quel salarié présent dans l’entreprise, même s’il s’agit généralement d’un membre des ressources humaines. De plus, il n’y a pas de durée de mandat imposée.

La définition du harcèlement sexuel

Le Code du travail définit le harcèlement sexuel comme “des propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste répétés qui soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante”. Le harcèlement sexuel est également constitué :

  • lorsqu'un même salarié subit de tels propos ou comportements venant de plusieurs personnes, de manière concertée ou à l'instigation de l'une d'elles, alors même que chacune de ces personnes n'a pas agi de façon répétée ;
  • lorsqu'un même salarié subit de tels propos ou comportements, successivement, venant de plusieurs personnes qui, même en l'absence de concertation, savent que ces propos ou comportements caractérisent une répétition (C. trav, art. L.1153-1).

Est assimilé au harcèlement sexuel toute forme de pression grave, même non répétée, exercée dans le but réel ou apparent d'obtenir un acte de nature sexuelle, que celui-ci soit recherché au profit de l'auteur des faits ou au profit d'un tiers.

Ce qu’il faut retenir : 

Aucun salarié ne doit subir des faits :

→ De harcèlement sexuel, constitué par des propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste répétés qui :

  • soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant ; 
  • soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante.

Le harcèlement sexuel est également constitué :

  • Lorsqu'un même salarié subit de tels propos ou comportements venant de plusieurs personnes, de manière concertée ou à l'initiative de l'une d'elles, alors même qu’il n’y a pas de répétition ;
  • Lorsqu'un même salarié subit de tels propos ou comportements, successivement, venant de plusieurs personnes qui savent que ces propos ou comportements caractérisent une répétition ;

→ Assimilés au harcèlement sexuel, consistant en toute forme de pression grave exercée dans le but réel ou apparent d'obtenir un acte de nature sexuelle, que celui-ci soit répété ou non ou qu’il soit recherché au profit de l'auteur des faits ou au profit d'un tiers.

Il faut également préciser que la caractérisation de faits de harcèlement sexuel, en droit du travail, ne suppose pas l'existence d'un élément intentionnel. Les faits suffisent donc. Par conséquent, si un le juge pénal constate l'absence d'élément intentionnel, cela ne prive pas le juge de la possibilité de caractériser des faits de harcèlement sexuel.

Tout salarié ayant procédé à des faits de harcèlement sexuel est passible d'une sanction disciplinaire.

Les missions du référent harcèlement

La loi ne définit pas les missions du référent harcèlement sexuel du CSE. 

Néanmoins, on considère qu’il a des missions :

  • d’information : répondre aux questions posées par les salariés en matière de harcèlement sexuel et agissements sexistes ;
  • de prévention et de sensibilisation : en prônant la communication sur ce sujet avec les salariés ;
  • de conseil : sur les procédures ouvertes en cas de litiges et sur leurs droits (la possibilité de déposer plainte au pénal, de saisir le conseil des prud’hommes, l’inspection du travail, etc.) ;
  • d’enquête : attention, le référent harcèlement ne doit pas enquêter seul, il sera en lien avec le direction des ressources humaines et l’employeur.

Il aura toutefois un rôle de médiateur, à savoir, il proposera des échanges entre les parties, des entretiens individuels en cas de plainte déposée par un salarié au sein de la direction. 

Il sera nécessaire d’enquêter sur les faits en se basant sur des éléments factuels et concrets et établir des comptes rendus des enquêtes réalisées.

Les moyens mis à disposition du référent harcèlement

Dans un premier temps, le référent harcèlement bénéficie d’une formation nécessaire à l'exercice de ses missions en matière de santé, de sécurité et de conditions de travail (C. trav., art. L. 2315-18).

Cette formation a pour but de former le référent afin qu’il exerce au mieux sa mission. 

La formation va lui permettre de connaître le cadre juridique des infractions de harcèlement définis par le Code du travail, de reconnaître les signes de harcèlement présents au sein de l’entreprise et notamment d’être formé sur la prise de parole et ses pouvoirs d’enquête. 

Pour en savoir davantage sur cette formation, notamment sur son financement, vous pouvez consulter notre fiche pratique Tout savoir sur la formation référent harcèlement sexuel et agissements sexistes 

 Qiiro vous propose plusieurs formations pour les membres du CSE et notamment la formation harcèlement !

Par ailleurs, il faut savoir que le référent harcèlement ne dispose pas d’heures de délégation spécifiques à cette mission. 

Néanmoins, s’il s’agit d’un membre élu du CSE, il pourra utiliser les heures de délégation prévues, à savoir : 

  • au moins 10 heures par mois pour les entreprises de moins de 50 salariés,
  • au moins 16 heures par mois dans les autres entreprises. 

Il bénéficie d’une liberté de circulation dans l’entreprise qu’il peut mettre au service de ses missions de référent harcèlement sexuel.

A noter : Le référent harcèlement est forcément un salarié protégé puisqu’il s’agit d’un élu CSE.  Il est donc protégé contre toute forme de sanction ou discrimination.

FAQ sur le référent harcèlement du CSE

Quelles preuves le salarié doit-il réunir pour prouver une situation de harcèlement ?

La charge de la preuve en matière de harcèlement est partagée. En effet, c’est d’abord au salarié de présenter des éléments pouvant laisser présumer de l’existence d’un harcèlement. 

Dans un second temps, c’est au défendeur de prouver que les faits allégués ne sont pas constitutifs d’un harcèlement mais sont inhérents à la relation de travail (exemple : sanction pour faute du salarié). 

Aux juges ensuite de trancher sachant qu’ils doivent examiner tous les faits invoqués par le salarié.

Voici quelques exemples d’éléments que le salarié peut invoquer : échanges de mails ou SMS, courriers, compte-rendus de réunion ou d’un entretien d'évaluation, certificats médicaux, témoignages ou attestations, absence de réactivité de l’employeur suite à un signalement…

Qui peut être désigné comme référent harcèlement ? 

Vous pouvez choisir n’importe quel élu CSE. La décision se fait avec une résolution adoptée à la majorité des membres présents.

Que se passe-t-il si nous n’avons pas désigné de référent harcèlement ? 

Aucune sanction n’est prévue par le Code du travail ni pour l’employeur ni pour le CSE. Mais le référent a un vrai rôle à jouer et est là pour aider les salariés. Il est donc particulièrement dommage de se priver de sa présence.

Le référent harcèlement peut-il enquêter seul ?

Non, le référent ne mène pas d'enquête seul. Il travaille en collaboration avec les ressources humaines et l'employeur pour rassembler les faits et établir des comptes rendus basés sur des éléments concrets. 

Le référent harcèlement est-il un salarié protégé ?

Oui, en tant que membre élu du CSE, le référent bénéficie d’un statut de salarié protégé.

Y a-t-il un autre référent au sein de l'entreprise ?

Dans les entreprises de plus de 250 salariés, un autre référent, chargé de la lutte contre le harcèlement sexuel et les agissements sexistes, doit également être désigné par l’employeur.

En tant que référent harcèlement, quelles étapes dois-je suivre si une situation de harcèlement moral se produit au sein de mon entreprise ?

Préalablement : veillez à vérifier s’il existe une charte ou un mode d’emploi dans l’entreprise sur les procédures applicables en cas de harcèlement. Si tel est le cas, vous devez suivre les étapes y figurant. 

Étape n°1 : Tout d’abord, vous devez veiller à recueillir l’entièreté des informations. 

Étape n°2 : Ensuite il faut rassurer le salarié qui a porté à votre connaissance cette situation qu’il soit la victime ou un tiers à la situation. 

Étape n°3 : Vous devez en informer l’employeur le plus rapidement possible afin que celui-ci puisse prendre des mesures conservatoires à l’encontre des personnes visées.

Étape n°4 : Vous pouvez accompagner l’employeur dans la préparation de la procédure d’enquête et dans la création de la commission d’enquête. 

Bon à savoir : vous pouvez faire appel à une société extérieure spécialisée dans l’établissement d’enquêtes au sein de l’entreprise. 

Étape n°5 : L’employeur doit ensuite convoquer et consulter le CSE afin de procéder à l’établissement des missions de la commission d’enquête. 

Étape n°6 (éventuelle) : si l’employeur n’a pas fait appel à une entreprise extérieure, il doit établir un questionnaire type puis procéder à l’audition des salariés. Il doit se faire accompagner d’une ou plusieurs autres personnes afin que l’enquête soit la plus impartiale possible et puisse être produite par devant le juge prud’homal en cas de litige. En effet, l’enquête permet de vérifier la véracité des faits rapportés pour ensuite caractériser un possible harcèlement. Enfin, cette enquête permet également de montrer que l’employeur a pris au sérieux les faits qui lui ont été rapportés et a tout mis en oeuvre pour faire cesser cette situation. 

Bon à savoir : l’employeur doit veiller à ce que cette enquête soit la plus sérieuse possible. C’est en ce sens que le CSE joue un rôle important car il peut proposer qu’un élu accompagne l’employeur dans l’établissement de cette enquête. 

Étape n°7 : l’employeur doit ensuite rendre compte des résultats de l’enquête au CSE et le consulter pour mettre en place des mesures de prévention si aucune n’existe. 

Étape n°8: il faut à présent mettre en place un accompagnement du salarié victime de harcèlement dans la poursuite de son contrat de travail. 

Comment les salariés sont-ils informés de l’existence d’un référent ?

Les coordonnées du référent CSE (nom, adresse, numéro de téléphone) doivent être portés à la connaissance des salariés, dans les lieux de travail ainsi que dans les locaux (ou à la porte des locaux) où se fait l'embauche, par tout moyen (affichage, intranet, etc.)

Références

Sources :

Code du travail, articles L. 1153-1 (définition du harcèlement sexuel), L. 1153-5-1 (référent entreprise), L. 2314-1 et L. 2315-18 (désignation et formation du référent CSE), L. 1153-5 et D. 1151-1 (information sur le nom et les coordonnées des référents)

Avertissement : Informations à titre informatif uniquement

Les informations contenues sur ce site web sont fournies à titre informatif et ne constituent en aucun cas un avis juridique. Elles sont basées sur l'état actuel du droit et des pratiques en vigueur.

Ces informations ne sauraient être interprétées comme une consultation ou un conseil juridique. Seuls les professionnels du droit habilités à exercer peuvent fournir de tels services.

L'éditeur de ce site web ne saurait être tenu responsable de l'utilisation qui pourrait être faite des informations présentes. Il est fortement recommandé de consulter un avocat pour toute question juridique spécifique ou pour obtenir un conseil adapté à votre situation personnelle.

Découvrez la plateforme juridique des CSE
picto check noir
Accompagnement juridique
picto check noir
Compte rendu de réunion
picto check noir
Documents en illimité
picto check noir
Formation des élus
picto check noir
Visio avocat
picto check noir
Actualités
Planifier une démo