Qu'est-ce que le délit d’entrave au CSE ? 5 points clés à retenir !

Publié le 4 septembre 2025

Le délit d'entrave au CSE est pénalement puni. Il s'agit d'une violation qui vise à empêcher le bon fonctionnement du CSE, à entraver la libre désignation de ses membres, ou à restreindre l'exercice de ses prérogatives légales. Comprendre les éléments constitutifs de cette infraction est essentiel pour identifier les comportements contraires à la loi et agir en conséquence.

Pour mettre en avant le délit d’entrave, il faut le cumul de trois critères

Le délit d’entrave est une infraction qui peut mettre en jeu une forme de responsabilité. Il a pour conséquence de faire obstacle au fonctionnement, à l’élection, à l’exercice des fonctions et à la désignation d’une instance représentative du personnel dans l’entreprise.

Pour mettre en avant le délit d’entrave, il faut le cumul de trois critères :

  • légal → le délit d’entrave doit être énoncé textuellement dans le Code du travail. Les CSE, les comités de groupe, les comités européens et les CSE centraux sont concernés par le délit d’entrave au CSE. Pareil pour les délégués syndicaux ;
  • matériel → l’entrave doit être le résultat d’une action ou du refus de prendre des actions concrètes de la part de l’employeur ;
  • moral → l’entrave doit provenir d’une faute intentionnelle de l’employeur.

Concernant l’élément légal, c’est le document, la base légale, qui détermine le texte à appliquer pour l’infraction.

S’agissant de l’aspect matériel, c’est un fait précis, un commencement d’exécution qui définit le comportement. Ce dernier se caractérise notamment par des actes de commission, c’est-à-dire un acte positif, et des actes d’omission, qui consistent en une abstention en violation d’une obligation légale de faire. Par exemple, la diffusion de fausses informations illustre l’acte de commission et l'abstention de verser le budget de fonctionnement au CSE l’acte d’omission.

Enfin, s’agissant de l’élément moral, il s’agit de déterminer si l’infraction était intentionnelle ou non. Si le délit d’entrave est volontaire, alors l’auteur risque d’être plus fortement sanctionné en raison de sa culpabilité et de la gravité de la faute. Sachant que la Cour de cassation estime que l'intention se déduit du caractère volontaire des agissements constatés peu importe que l’employeur n'ait pas eu la volonté de contourner les dispositions légales concernant le CSE (Cass. ass. plén., 28 janv. 1983, n 80-93.511).

Si cela peut vous aider, nous vous proposons un modèle d’attestation de témoignage à la constitution du délit d’entrave !

L'employeur n’est pas le seul concerné

L’auteur du délit d’entrave est le plus souvent l’employeur ou son représentant. 

Voici quelques exemples de délit d’entrave qu’il peut commettre :

  • refuser de respecter et de garantir les libertés de choix dans le cadre d’une formation professionnelle ;
  • l’omission de convocation d’un membre du CSE à une réunion ;
  • la rétractation ou la modification d’un thème traité en réunion CSE ;
  • l’absence de versement du budget au CSE ;
  • le refus de mettre à disposition des élus du CSE un local ;
  • l’absence ou le refus de consulter le CSE ;
  • le refus de garantir les heures de délégation du CSE ;
  • harceler ou mettre la pression pour influencer sur les décisions du CSE ;
  • le refus de mettre en place le CSE ;
  • le non-respect des règles de licenciement des salariés protégés.

Cependant, cette liste n’est pas exhaustive et a vocation à être élargie.

L’employeur peut invoquer une délégation de pouvoirs pour échapper à sa responsabilité sauf s’il a personnellement participé à la réalisation de l'infraction (Cass. crim., 20 mai 2003, n 02-84.307).

Bon à savoir : Sauf en cas de force majeure, l'employeur ne peut se décharger de ses responsabilités.

Il ne peut pas invoquer les éléments suivants :

  • une erreur, qu'elle soit de nature factuelle ou juridique ;
  • la bonne foi, bien qu'elle soit similaire à l'erreur, cette circonstance est également inopérante ;
  • l'accord des représentants du personnel, la plupart des dispositions relatives à la représentation du personnel, notamment celles concernant le CSE, relèvent de l'ordre public, il n'est pas possible d'en écarter leur application par le biais de négociations ;
  • le fait qu’il ait régularisé après coup.

Même sans délégation de pouvoirs, d’autres salariés de l’entreprise peuvent commettre un délit d’entrave y compris le secrétaire du CSE qui engage des dépenses sans un vote majoritaire du CSE (Cass. crim., 4 nov. 1988, 87-91.705). Autre exemple : un responsable de service qui s'opposerait au droit de circulation des membres du CSE dans l'entreprise.

Une personne extérieure comme un expert CSE peut aussi être poursuivie.

Enfin, l’entreprise elle-même peut être reconnue comme l’auteur de l’entrave.

La sanction n’est pas unique

Le délit d’entrave est une infraction pénale. 

En général, la sanction encourue pour un délit d’entrave au CSE est une amende de 7 500 euros pour les personnes physiques (37 500 € pour les personnes morales). Mais dans les cas les plus graves, cette amende peut s’accompagner d’un an de prison aux termes de l’article L. 2317-1 du Code du travail. Cela concerne les entraves :

  • à la constitution d'un comité social et économique, d'un comité social et économique d'établissement ou d'un comité social et économique central (par exemple refuser d’organiser les élections ou de respecter le protocole d’accord préélectoral) ;
  • ou à la libre désignation de leurs membres (par exemple influencer l'élection de tel candidat).

A l'inverse, les entraves au fonctionnement du CSE sont punissables uniquement de l’amende de 7500 euros. À titre d’exemple : 

  • si l’employeur ne verse pas la subvention de fonctionnement au comité ; 
  • s’il ne procède pas à une consultation préalable à une décision dans un domaine de compétence du comité ; 
  • s’il ne convoque pas le comité selon la périodicité requise ;
  • s’il refuse que certains élus prennent la parole ou de fixer un ordre du jour avec le secrétaire du CSE.
Bon à savoir : Le fait d'apporter une entrave à l'exercice du droit syndical est puni d'un emprisonnement d'un an et d'une amende de 3750 euros (C. trav., art. L. 2146-1).

Le juge appréciera la caractérisation du délit d’entrave suivant la réunion des trois éléments déjà mentionnés précédemment et tranchera en cas de saisine par les représentants de l’instance représentative, par le parquet ou par l’inspection du travail en cas de transmission d’un procès-verbal.

Selon l’article 132-10 du Code pénal, la peine encourue en cas de récidive sera doublée d’une amende de 15 000€ pour les personnes physiques.

Bon à savoir : En vertu de l'article 131-39 du Code pénal, la peine pour le délit d'entrave pour les personnes morales peut également être assortie des mesures suivantes :
  • l'affichage de la décision prononcée ou sa diffusion, que ce soit par le biais de la presse écrite ou par tout autre moyen de communication au public via des canaux électroniques ;
  • la dissolution de la personne morale ;
  • la fermeture définitive ou pour une durée de cinq ans de l'établissement ayant été utilisé pour commettre l'infraction ;
  • l'interdiction d'exercer de manière permanente ou pour une durée de cinq ans ;
  • le placement sous surveillance judiciaire, d'une durée maximale de cinq ans.

L’entrave peut concerner un seul élu

Il n’est pas nécessaire que le comportement reproché concerne tous les élus du CSE. Une entrave peut viser un seul élu (par exemple si l’employeur empêche la prise d'heures de délégation d’un élu).

Le CSE a plusieurs moyens d’action

Dans un premier temps, le CSE a la faculté d'intervenir auprès de l'employeur afin de lui demander de respecter les droits du CSE et de mettre immédiatement fin à toute entrave éventuelle.

Il peut aussi se rapprocher de l’inspection du travail. Dans ce cas, l'inspection du travail est autorisé à prendre les mesures nécessaires pour mettre fin à cette entrave, dans la mesure du possible, et à rédiger un procès-verbal en vue d'éventuelles poursuites devant le tribunal correctionnel. 

Le CSE peut aussi informer le procureur de la République de faits constitutifs d'un délit d'entrave qui décidera de poursuivre ou non.

Le CSE a aussi la possibilité d'utiliser deux voies juridiques pour engager des actions à l'encontre de l'employeur : 

La plainte avec constitution de partie civile  

Lorsqu'une infraction pénale est commise, il existe généralement deux voies principales pour rechercher justice : la voie pénale et la voie civile. 

Dans la voie pénale, c'est l'Etat qui porte l'accusation et agit en tant que partie lésée au nom de la société. Dans la voie civile, ce sont les personnes physiques ou morales qui ont subi un préjudice direct et personnel en raison de l'infraction qui peuvent porter plainte pour obtenir réparation.

Ainsi, la plainte avec constitution de partie civile est utilisée lorsque la victime souhaite participer activement au procès pénal en tant que partie civile et demander des dommages-intérêts pour le préjudice subi.

Bon à savoir : Le CSE peut aussi agir au civil devant le tribunal judiciaire pour faire réparer son préjudice. Il peut ainsi demander des dommages et intérêts ou que l’employeur répare un manquement ou exécute une obligation.

La citation directe

C’est une procédure qui permet à une victime d'une infraction pénale de saisir directement le tribunal correctionnel sans passer par le parquet (ministère public) et sans attendre que ce dernier décide d'engager des poursuites. Cela signifie que la victime peut directement assigner l'auteur présumé de l'infraction devant le tribunal.

Pour faire valoir ses droits, le CSE doit s’assurer de constituer un dossier complet permettant de constater le délit d’entrave. 

Pour cela, il est possible de constater le délit d’entrave par des emails, des procès verbaux de réunion, des échanges téléphoniques, des courriers. 

Bon à savoir : Le délit d'entrave se prescrit par 6 ans sachant que le délai ne court pas si l'infraction continue.

En résumé, le délit d’entrave est une infraction qui fait l’objet de sanctions. En effet, le fonctionnement du CSE peut en être fortement impacté, ainsi que la cohésion au sein de l’entreprise qui se retrouve dégradée par des tensions entre les élus du CSE et l’employeur. 

Pour aller plus loin sur le sujet, vous pouvez lire notre fiche guide  Délit d’entrave : tout ce que le CSE doit savoir.

En cas de doute sur le sujet du délit d’entrave, QiiRO peut vous renseigner.

Références
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