Tout savoir sur la valorisation des compétences des élus

26 Août 2025

Quand vous exercez un mandat au CSE, vous apprenez beaucoup : organiser une réunion, lire un bilan, accompagner un salarié, négocier avec la direction… Toutes ces compétences, vous les développez sur le terrain, souvent sans même vous en rendre compte.

Mais comment faire pour qu’elles soient reconnues au-delà du mandat ? Comment les valoriser si vous changez de poste, cherchez à évoluer ou préparez une reconversion ? Heureusement, des solutions concrètes existent pour faire reconnaître ce que vous avez appris sur le terrain.

Cette fiche vous explique comment faire reconnaître les compétences acquises pendant votre mandat, à travers différents dispositifs. Vous y trouverez des repères pratiques, des exemples concrets, une foire aux questions, un quiz pour tester vos acquis, et les sources officielles pour aller plus loin.

La valorisation des compétences : un enjeu essentiel pour les élus

Exercer un mandat d’élu du CSE, c’est bien plus que représenter les salariés. C’est aussi acquérir des compétences mobilisables dans votre vie professionnelle. Pendant la durée de votre engagement, vous développez des savoir-faire concrets : animer une réunion, négocier un accord, gérer un budget, accompagner un salarié en difficulté… Ces activités, souvent exigeantes, vous transforment professionnellement. La valorisation de ces compétences est donc un enjeu central pour votre avenir. Elle permet de reconnaître votre engagement, de préparer votre évolution ou reconversion, et de renforcer votre légitimité au sein de l’entreprise.

La loi a consacré ce principe. Depuis la loi du 17 août 2015 relative au dialogue social (n° 2015-994), le Code du travail prévoit que les compétences acquises dans l’exercice d’un mandat peuvent être reconnues et certifiées officiellement. Cette reconnaissance peut s’effectuer par plusieurs voies : entretien professionnel, validation des acquis de l’expérience (VAE), ou certification dédiée aux représentants du personnel et mandatés syndicaux. L’objectif est clair : sécuriser votre parcours, valoriser vos acquis, et ouvrir des passerelles vers d’autres fonctions ou formations professionnelles.

Cette dynamique répond aussi à une réalité du terrain. De nombreux élus terminent leur mandat sans reconnaissance ni perspectives, parfois même confrontés à des discriminations ou à un isolement professionnel. La création du comité social et économique (CSE) et la limitation de la durée des mandats ont renforcé cet enjeu. Désormais, au-delà de douze années successives de mandat, vous devez quitter vos fonctions représentatives. Même si la règle pourrait prochainement évoluer puisqu’un projet de loi est en cours. La question devient alors : que faire de toute cette expérience acquise ? Comment éviter qu’elle ne soit perdue ou dévalorisée ?

La valorisation de vos compétences répond à trois objectifs concrets :

  • faire reconnaître votre savoir-faire auprès d’un futur employeur ou dans votre entreprise actuelle ;
  • faciliter une évolution ou une reconversion professionnelle cohérente avec votre parcours ;
  • renforcer votre estime de vous-même et votre légitimité d’acteur du dialogue social.

Certaines universités proposent des parcours spécifiquement adaptés aux représentants du personnel. Par exemple, la Faculté Jean Monnet – Paris-Saclay offre une Licence en droit par validation des acquis de l’expérience, accessible dès trois ans de mandat ou d’engagement syndical. De son côté, l’Université Paris-Dauphine propose un Master « Négociations et relations sociales », construit en binômes RH/syndicalistes, avec un mémoire de fin de cursus sur des situations réelles de négociation. Ces exemples illustrent une évolution forte du regard porté sur l’engagement syndical : il ne freine plus une carrière, il peut désormais la faire avancer.

Cette reconnaissance ne vous concerne pas uniquement. En la revendiquant, vous montrez que le mandat d’élu ou de représentant syndical n’est ni une pause ni un frein, mais un véritable levier d’apprentissage et de progression professionnelle. C’est aussi une manière de faire évoluer concrètement le regard porté sur l’engagement syndical dans l’entreprise.

Témoignage : « J'ai exercé mon mandat de secrétaire CSE pendant 8 ans. Quand j'ai voulu évoluer, j'ai réalisé que j'avais développé de vraies compétences en gestion de projet et en négociation. La certification m'a permis de les faire reconnaître officiellement. Aujourd'hui, je suis passé cadre dans mon entreprise.» - Marc, 45 ans, secteur métallurgie

A retenir
Votre mandat vous fait gagner en assurance, en méthode, et souvent… en confiance. Le faire reconnaître, c’est préparer votre avenir, éviter l’effacement de vos acquis, et faire progresser la reconnaissance de tous les élus.

Bon à savoir : La certification des compétences n’est pas réservée aux diplômés. Elle s’appuie sur l’expérience réelle et documentée de votre mandat. Que vous soyez secrétaire du CSE, membre CSSCT ou délégué syndical, vous pouvez faire reconnaître officiellement votre engagement.

Les compétences clés développées pendant le mandat

Etre élu au CSE, c’est exercer une fonction à responsabilités. Jour après jour, vous développez des réflexes, des outils, une posture. Des compétences bien réelles, souvent sous-estimées… et pourtant très recherchées ailleurs. Le Code du travail reconnaît d’ailleurs que les mandats représentatifs permettent d’acquérir de véritables compétences professionnelles (C. trav., art. L. 6112-4).

Ces compétences couvrent un large spectre, qui dépasse souvent votre métier d’origine. Elles s’organisent en six grands domaines, correspondant aux certificats de compétences professionnelles (CCP) définis par le ministère du Travail.

Les six domaines de compétences reconnus

Voici les six blocs de compétences que vous pouvez faire reconnaître officiellement :

  • Encadrement et animation d’équipe : Vous coordonnez les actions du CSE, animez des réunions, mobilisez les membres autour d’objectifs communs.
  • Gestion et traitement de l’information : Vous analysez les documents transmis par l’employeur (bilans, rapports, données économiques), vous les synthétisez, vous rédigez des comptes rendus clairs.
  • Assistance dans la prise en charge de projets : Vous organisez des actions : journées sécurité, événements sociaux, visites de site, consultations. Vous gérez les délais, le budget, les intervenants.
  • Mise en oeuvre d’un service de médiation sociale : Vous identifiez les situations de tension ou de conflit au sein de l’entreprise, facilitez le dialogue entre les parties concernées et proposez des solutions adaptées. Vous accompagnez la résolution des différends afin de préserver un climat social serein.
  • Prospection et négociation commerciale : Vous négociez avec la direction : sur les conditions de travail, la santé, les accords d’entreprise, les activités sociales. Vous savez argumenter, construire un compromis, défendre un mandat.
  • Suivi de dossier social d’entreprise : Vous accompagnez les salariés dans leurs difficultés : conflits, procédures disciplinaires, reclassements. Vous écoutez, orientez, alertez si besoin.

Des compétences transversales et professionnalisantes

Ces six domaines recouvrent de nombreuses compétences dites « transversales » :

  • s’exprimer clairement à l’oral et à l’écrit ;
  • travailler en équipe, avec des profils variés ;
  • prendre la parole en public, conduire un entretien ;
  • lire et interpréter des documents juridiques ou comptables ;
  • utiliser des outils numériques pour suivre une activité ou rédiger un rapport.

Ces savoir-faire sont développés par tous les élus, quel que soit leur mandat initial. Le secrétariat, la trésorerie, la commission SSCT, la négociation d’accords ou l’accompagnement individuel mobilisent chacun, à leur manière, l’ensemble ou une partie de ces blocs.

🎯 Focus par rôle

  • Secrétaire du CSE
    Vous mobilisez en priorité les compétences d’animation (CCP 1), de traitement de l’information (CCP 2) et de gestion de projet (CCP 3), notamment pour organiser les réunions, rédiger les PV, structurer le fonctionnement du comité.
  • Trésorier du CSE
    Vous développez des compétences en gestion de projet (CCP 3), en traitement de l’information (CCP 2) pour suivre les budgets et réaliser les bilans, et parfois en accompagnement social (CCP 6) pour gérer certaines aides individuelles.
  • Membre de la commission SSCT
    Vous mettez en œuvre des actions collectives de prévention (CCP 1), coordonnez des projets liés à la santé-sécurité (CCP 3) et contribuez à préserver un climat social serein (CCP 5).
  • Élu confirmé
    Vous combinez souvent des compétences de négociation (CCP 5), d’animation (CCP 1) et d’accompagnement individuel (CCP 6), selon les situations rencontrées au sein du CSE.
  • Délégué syndical
    Vous êtes particulièrement concerné par les blocs de négociation (CCP 5), de médiation sociale (CCP 4) et de suivi de dossier social d’entreprise (CCP 6), au cœur de votre rôle de représentation et de défense des salariés.
A retenir
Votre mandat vous permet d’acquérir des compétences concrètes et reconnues. Vous développez des compétences très variées, souvent sans vous en rendre compte : animer, négocier, gérer, accompagner… ces savoir-faire sont valorisables, quel que soit votre métier d’origine.

Je suis un nouvel élu CSE…Dès vos premiers mois, notez les actions que vous réalisez : réunions, comptes rendus, interventions, dossiers accompagnés. Ces éléments donnent corps à votre mandat : ils montrent ce que vous avez réellement fait. Vous pourrez ensuite les valoriser plus facilement dans votre parcours.

Les dispositifs juridiques de reconnaissance disponibles

La loi vous donne plusieurs moyens de faire reconnaître les compétences que vous développez en tant qu’élu du personnel. Ces dispositifs sont complémentaires. Vous pouvez les mobiliser à différentes étapes de votre parcours, selon vos besoins et votre projet professionnel. L’objectif est toujours le même : transformer l’expérience de mandat en levier de carrière.

Les fondements juridiques

Depuis la loi du 17 août 2015, le Code du travail reconnaît officiellement les compétences acquises dans l’exercice d’un mandat de représentant du personnel ou syndical. Ces compétences peuvent être prises en compte au titre de la validation des acquis de l’expérience (VAE) (C. trav., art. L. 6112-4).

Un autre article encadre les entretiens professionnels liés aux mandats : l’article L. 2141-5. Il prévoit deux moments clés :

  • un entretien en début de mandat, pour anticiper l’impact du mandat sur l’organisation du travail,
  • un entretien professionnel en fin de mandat, pour identifier les compétences acquises et envisager leur valorisation. Il est obligatoire dans les entreprises d’au moins 2000 salariés, ou pour les titulaires bénéficiant d’au moins 30 % de temps de délégation,

Les quatre grands dispositifs à votre disposition

Voici les principaux outils de reconnaissance prévus par la loi ou les pratiques professionnelles :

1. L’entretien de début de mandat

Il est organisé à votre demande. Il permet d’échanger avec l’employeur sur :

  • les modalités d’exercice du mandat ;
  • les impacts prévisibles sur votre poste ;
  • l’ajustement de vos objectifs ou de votre charge de travail.

2. L’entretien de fin de mandat

Il est destiné à faire le bilan de votre mandat. Il peut coïncider avec l’entretien professionnel obligatoire. Il permet :

  • de recenser les compétences acquises ;
  • de prévoir leur valorisation dans l’entreprise (mobilité, évolution) ;
  • de préparer une certification si besoin.

Dans les entreprises de moins de 2 000 salariés, il concerne les seuls titulaires disposant d’au moins 30 % de temps de délégation. Au-delà, il devient obligatoire pour tous les élus concernés.

Pour aller plus loin sur les entretiens liés au mandat, vous pouvez consulter notre fiche Tout savoir sur l’entretien de début et de fin de mandat.

3. La validation des acquis de l’expérience (VAE)

Ce dispositif général permet d’obtenir un diplôme, un titre ou un certificat de qualification professionnelle, sur la base de votre expérience. Il s’adresse à toute personne ayant exercé une activité en lien avec le diplôme visé, pendant au moins un an. Dans le cadre d’un mandat :

  • vous pouvez viser une licence (par exemple en droit à l’Université Paris-Saclay),
  • ou un titre professionnel, selon vos missions. Nous y reviendrons.

4. La certification dédiée aux représentants du personnel

Ce dispositif spécifique a été créé pour vous. Il permet d’obtenir des certificats de compétences professionnelles (CCP) directement liés à vos missions de mandaté. Il repose sur :

  • une sélection des CCP adaptés à votre profil ;
  • un dossier écrit retraçant vos réalisations ;
  • un entretien avec un jury professionnel.

Bon à savoir : Ce dispositif est piloté par le ministère du Travail et mis en œuvre par l’AFPA. Il est indépendant de tout diplôme universitaire, mais permet des équivalences avec des titres professionnels reconnus.

Comparatif simplifié des dispositifs

Comparatif simplifié des dispositifs

Les conventions collectives : des avantages méconnus par secteur

Certaines branches professionnelles ont négocié des dispositifs spécifiques pour leurs élus :

Métallurgie : La convention prévoit une prime de valorisation équivalente à 2 mois de salaire en fin de mandat, ainsi qu'un accès prioritaire aux formations qualifiantes.

Banque : Les élus bénéficient d'une garantie d'évolution professionnelle sur 3 ans après leur mandat, avec un accompagnement personnalisé par un conseiller RH.

Commerce : 35 heures de formation supplémentaires par an sont allouées aux élus, utilisables pour préparer leur certification ou une VAE.

BTP : Le coefficient hiérarchique peut être revalorisé d'un échelon pour les élus ayant obtenu au moins 3 CCP.

Conseil pratique : Vérifiez votre convention collective nationale. Des dispositions favorables peuvent s'y cacher dans le chapitre « Instances représentatives » ou « Dialogue social ».

A retenir
Vous disposez de plusieurs leviers pour faire reconnaître vos compétences : entretiens de mandat, VAE, ou certification dédiée. À vous de choisir le dispositif qui correspond le mieux à votre projet.
Bon à savoir : Les certificats de compétences professionnelles obtenus via la certification dédiée sont inscrits au Répertoire spécifique. Cela garantit leur reconnaissance nationale et leur articulation avec les titres professionnels du ministère du Travail.

Le parcours de certification des compétences pas à pas

Faire reconnaître les compétences acquises pendant votre mandat d’élu CSE, c’est possible grâce à la certification mise en place par le ministère du Travail. Ce dispositif est pensé pour vous : simple, structuré, et centré sur votre expérience. Vous pouvez obtenir un ou plusieurs certificats de compétences professionnelles (CCP), en lien direct avec vos missions de terrain. Voici comment cela se passe concrètement.

Etape 1 – Vérifier votre éligibilité

Vous pouvez engager la démarche si vous remplissez ces deux conditions :

  • avoir exercé un mandat syndical ou de représentant du personnel ;
  • ce mandat doit avoir eu lieu dans les 5 dernières années, même s’il est terminé.

Aucun diplôme n’est requis. Ce sont vos activités réelles qui comptent. Vous pouvez être élu du CSE, délégué syndical, représentant de proximité, secrétaire, trésorier…

Préparez dès maintenant :

  • les procès-verbaux d’élection ou de désignation ;
  • les attestations de votre employeur ;
  • les comptes rendus, documents ou preuves de vos actions.

Etape 2 – Choisir les CCP correspondant à votre expérience

Six certificats de compétences reflètent aujourd’hui les missions les plus courantes exercées en mandat.

Pour connaître le contenu de chacun de ces blocs, consultez la partie 2 : Les compétences clés développées pendant le mandat.

A vous de choisir les blocs qui racontent le mieux ce que vous avez réellement fait. Vous pouvez en présenter un seul, ou plusieurs. Un conseiller vous aidera à faire ce choix, en fonction de votre rôle et de votre projet.

Bon à savoir : Vous pouvez présenter un ou plusieurs CCP en une seule fois.

Etape 3 – Constituer votre dossier de certification

Avec l’aide de l’AFPA, vous allez construire un dossier structuré. Il comprendra :

  • un descriptif de vos missions ;
  • des preuves concrètes (documents, supports, comptes rendus, tracts, etc.) ;
  • un récit d’expérience rédigé selon une méthode précise.

Un conseiller vous accompagne pour :

  • choisir les bons CCP ;
  • sélectionner les bonnes preuves ;
  • rédiger vos exemples concrets.

Le dossier fait environ 10 à 15 pages.

Etape 4 – Participer aux ateliers de préparation

L’AFPA organise un accompagnement complet :

  • 5 ateliers collectifs (d’une demi-journée chacun) ;
  • 2 heures d’accompagnement individuel ;
  • environ 30 heures de travail personnel.

Cette préparation dure en général 11 semaines. Elle est gratuite pour le candidat, sous réserve de mobilisation des financements.

Objectif : vous aider à structurer votre discours et à prendre confiance en vous.

Etape 5 – Passer devant le jury

Une fois le dossier terminé, vous êtes convoqué à un entretien avec un jury :

  • vous présentez vos activités pendant environ 20 minutes ;
  • le jury vous pose des questions pour comprendre votre rôle ;
  • il peut demander une mise en situation simple.

Le jury est composé de trois personnes :

  • un professionnel du métier visé ;
  • un formateur agréé ;
  • un représentant d’une institution.

Cet entretien n’est pas un examen. Il vise à valoriser ce que vous avez fait, pas à vous piéger.

Etape 6 – Obtenir vos certificats

Si l’évaluation est favorable :

  • vous recevez votre ou vos certificats sous 15 jours ;
  • ils sont valables à vie ;
  • ils sont inscrits au Répertoire spécifique (reconnaissance nationale) ; 
  • vous pouvez les utiliser dans une VAE ou une formation diplômante (voir partie suivante).

En cas de validation partielle :

  • les CCP validés sont conservés ;
  • vous pouvez représenter les autres plus tard ;
  • un accompagnement complémentaire peut être proposé.
A retenir
La certification des compétences est une démarche accessible, gratuite et reconnue. Tout repose sur vos actions concrètes pendant le mandat, pas sur un diplôme ou un CV. Vous êtes accompagné du début à la fin.

Des parcours inspirants

📌 Catherine, secrétaire CSE dans l'industrie. Après 6 ans de mandat, Catherine a obtenu 3 CCP : encadrement et animation d’équipe, gestion et traitement de l’information, et assistance dans la prise en charge d’un projet. Ces deux derniers lui ont permis de valider 2/3 du titre professionnel d’assistante de direction. Elle occupe aujourd’hui ce poste dans son entreprise.

📌 Paul, délégué syndical devenu consultant fort de ses 12 ans d'expérience syndicale, Paul a validé l'ensemble des 6 CCP. Il a créé son cabinet de conseil en relations sociales et accompagne aujourd'hui 15 CSE dans différents secteurs.

📌 Julie, membre SSCT reconvertie spécialisée dans les questions de santé-sécurité, Julie a obtenu les CCP 1, 3 et 5. Elle est maintenant responsable QSE dans une PME voisine, où son expérience terrain est très appréciée.

Les passerelles vers les titres professionnels et formations diplômantes

Obtenir un ou plusieurs certificats de compétences professionnelles (CCP), c’est déjà une reconnaissance officielle. Mais ces CCP vous ouvrent aussi des portes concrètes vers des titres professionnels complets ou même des formations diplômantes. Cette articulation permet de transformer votre mandat en tremplin pour évoluer, vous qualifier ou vous reconvertir.

Des équivalences prévues par arrêté

Chaque CCP validé correspond à un bloc de compétences d’un titre professionnel inscrit au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP). Cette correspondance est prévue par des arrêtés du ministère du Travail. Elle vous permet d’obtenir :

  • une dispense d’épreuve dans le cadre d’un titre professionnel ;
  • une reconnaissance partielle (bloc de compétences validé) si vous ne passez pas tout le titre.

Bon à savoir : Ces équivalences sont automatiques. Il vous suffit de présenter vos certificats dans un centre agréé pour le titre visé.

Titres professionnels accessibles

Voici les titres professionnels accessibles à partir des CCP obtenus dans le cadre de votre mandat :

💡 Vous pouvez viser l’obtention complète du titre professionnel en préparant uniquement les blocs manquants.

Et au-delà : des formations universitaires accessibles

En plus des titres professionnels du ministère du Travail, certains parcours universitaires s’ouvrent aux anciens élus grâce à la validation des acquis de l’expérience (VAE).

Deux exemples concrets:

  • La licence en droit (Université Paris-Saclay/Sceaux)
    Proposée aux personnes ayant au moins trois ans d’engagement en représentation du personnel ou en activité syndicale. Elle permet d’accéder à un diplôme universitaire reconnu et de poursuivre vers un Master ou une reconversion juridique.

  • Le master Négociations & Relations sociales (Université Paris-Dauphine)
    Cette formation accueille des binômes RH/responsables syndicaux. Elle offre une approche stratégique et collaborative de la négociation et une réflexion de haut niveau sur le dialogue social.

Pourquoi ces passerelles comptent vraiment dans votre parcours

Grâce aux équivalences et passerelles, vos compétences acquises en mandat ne sont pas seulement reconnues, elles deviennent :

  • capitalisables : elles réduisent un parcours de formation ;
  • valorisables : elles renforcent un CV, une candidature, une évolution interne ;
  • transférables : elles vous ouvrent vers d’autres métiers ou responsabilités.

Que vous visiez un métier administratif, une fonction RH, la gestion de projet, la médiation sociale ou le commerce, vos CCP constituent un socle solide.

A retenir
Vos certificats de compétences ne sont pas une fin en soi. Ils peuvent vous permettre d’obtenir un titre professionnel complet ou de candidater à une formation diplômante. A vous de choisir la passerelle qui correspond à votre projet.
Bon à savoir : Certains OPCO ou employeurs prennent en charge les modules manquants d’un titre professionnel. N’hésitez pas à mobiliser vos droits à la formation ou à solliciter un accompagnement par un conseiller en évolution professionnelle (CEF)

L’accompagnement pour réussir votre valorisation

Engager une démarche de certification ou de reconnaissance de vos compétences ne signifie pas être seul face à une procédure complexe. Plusieurs acteurs peuvent vous accompagner, à chaque étape, pour sécuriser votre parcours et maximiser vos chances de réussite. Cet accompagnement est pensé pour vous, en tant qu’élu ou mandaté, et il est souvent entièrement pris en charge.

L’AFPA : acteur central du dispositif

L’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA) est l’opérateur unique désigné par le ministère du Travail pour piloter la certification dédiée aux représentants du personnel et mandataires syndicaux.

Son rôle est essentiel :

  • organiser les sessions de certification dans chaque région ;
  • assurer un accompagnement personnalisé ;
  • former les candidats à la méthode attendue ;
  • animer les jurys de validation.

Vous pouvez la contacter directement via votre antenne régionale ou votre espace professionnel.

Un accompagnement structuré et gratuit

L’accompagnement proposé par l’AFPA comprend trois volets complémentaires :

1. L’entretien de positionnement

Un premier entretien individuel permet :

  • d’évaluer l’adéquation entre votre profil et les CCP visés ;
  • de choisir les blocs correspondant à vos missions ;
  • d’identifier vos points forts et vos besoins de renfort.

🔎 Cet entretien est mené par un conseiller AFPA spécialisé.

2. Les ateliers collectifs

5 ateliers d’une demi-journée sont organisés sur environ 11 semaines. Objectif :

  • comprendre les attentes du jury ;
  • apprendre à structurer votre dossier ;
  • travailler sur des situations vécues pendant votre mandat ;
  • échanger avec d’autres élus dans la même démarche.

Exemple de contenu abordé :

  • méthode de narration des expériences ;
  • sélection des pièces justificatives pertinentes ;
  • préparation à l’entretien oral.

3. L’accompagnement individuel

En parallèle des ateliers, vous bénéficiez de :

  • 2 heures d’accompagnement personnalisé ;
  • un appui sur la rédaction de votre dossier ;
  • des conseils méthodologiques et des relectures ciblées.

Ce dispositif représente environ 30 heures de travail personnel en plus des temps collectifs. Mais vous êtes guidé à chaque étape.

Des résultats qui encouragent

Les chiffres parlent d'eux-mêmes :

  • 85 % de réussite au premier passage devant le jury ;
  • 92 % de satisfaction des candidats accompagnés ;
  • 1 607 heures : c'est l'équivalence d'un an de mandat à temps plein pour une VAE ;
  • 3 à 6 mois : délai moyen pour obtenir sa certification ;
  • 78 % des certifiés connaissent une évolution professionnelle dans les 2 ans.

Le rôle des autres acteurs

D’autres interlocuteurs peuvent vous soutenir dans cette démarche :

  • votre syndicat : certaines organisations proposent un appui spécifique ou des référents formation.
  • votre OPCO : il peut financer les modules complémentaires d’un titre ou la suite d’un parcours diplômant.
  • des plateformes spécialisées : elles proposent parfois des outils d’auto-évaluation ou de préparation à la VAE.

Etre acteur de sa propre démarche

L’accompagnement ne remplace pas votre implication personnelle. Il vous aide à :

  • prendre du recul sur votre expérience ;
  • identifier vos compétences transférables ;
  • rédiger un dossier rigoureux et sincère ;
  • prendre confiance en vous avant l’entretien.

Il est conseillé de conserver une traçabilité de vos actions dès le début du mandat : PV, tracts, projets menés, mails, tableaux de bord… Ces documents seront de précieux alliés lors de la constitution de votre dossier.

A retenir
Vous n’êtes pas seul. L’AFPA vous accompagne pas à pas pour préparer votre certification. D’autres acteurs peuvent aussi vous aider à construire un parcours cohérent, financé, et reconnu.

Focus Je suis un nouvel élu CSE…Conservez une trace de vos actions dès le début du mandat : elles vous seront précieuses le moment venu. Prendre du recul sur son mandat et trouver les bons mots prend du temps. Collectez, classez, conservez : ce sont les preuves concrètes de votre engagement.

La reconnaissance des compétences dans le dialogue social

Faire reconnaître vos compétences ne concerne pas seulement votre avenir individuel. Cela participe aussi à faire évoluer la place des élus dans l’entreprise. La reconnaissance de vos acquis professionnels issus du mandat est un enjeu collectif de dialogue social. Elle peut être portée dans les accords, intégrée à la politique RH et soutenue par les organisations syndicales.

Un levier pour renforcer la légitimité des élus

Vous investissez du temps, développez des savoir-faire, prenez des responsabilités. Pourtant, la fonction représentative reste parfois mal comprise ou peu valorisée. En obtenant une certification ou un titre professionnel à partir de votre mandat, vous :

  • donnez une légitimité nouvelle à vos actions ;
  • démontrez que l’engagement syndical ou CSE n’est pas un frein à la carrière ;
  • montrez que les compétences acquises sont concrètes, utiles, transférables.

A noter : Cette reconnaissance permet aussi de lutter contre les discriminations syndicales encore trop fréquentes. Elle envoie un message clair : un mandat n’est pas une mise entre parenthèses, c’est une montée en compétences.

Des pratiques à inscrire dans les accords collectifs

Certaines entreprises vont plus loin que le minimum légal. Elles intègrent la reconnaissance des compétences dans leur politique RH ou leurs accords d’entreprise.

Exemples de bonnes pratiques à négocier ou encourager :

  • intégration systématique des entretiens de début et de fin de mandat dans le parcours RH ;
  • équivalence partielle ou totale entre mandat et expérience professionnelle sur certains postes ;
  • priorité donnée aux élus certifiés pour accéder à certains dispositifs internes de formation ou de mobilité ;
  • reconnaissance pécuniaire ou symbolique (valorisation dans les entretiens annuels, inscriptions dans les dossiers professionnels, etc.).

Ces pratiques renforcent l’attractivité des fonctions d’élu, à un moment où les vocations se raréfient.

Bon à savoir : La Cour de cassation a validé que l’évaluation des compétences acquises pendant un mandat peut être intégrée à la gestion de carrière, à condition d’associer le syndicat concerné (Cass. soc., 9 oct. 2019, n°18-13.529). Cela renforce la légitimité de ces démarches dans l’entreprise.

Un enjeu stratégique pour les syndicats et le CSE

Les élus et les syndicats ont un rôle central à jouer :

  • former et informer les nouveaux élus sur les dispositifs disponibles ;
  • accompagner les candidats dans leur démarche de certification ou de VAE ;
  • négocier des garanties de reconnaissance dans les accords d’entreprise ;
  • valoriser les parcours réussis, pour inspirer les suivants.

La reconnaissance des compétences peut aussi faire l’objet d’un bilan collectif en fin de mandat, intégré au rapport d’activité du CSE ou à la base de négociation sur le droit syndical.

Une responsabilité partagée dans l’entreprise

La valorisation des compétences des élus ne relève pas uniquement de leur initiative. C’est une responsabilité partagée entre :

  • le salarié mandaté ;
  • l’employeur ;
  • les représentants syndicaux ;
  • les organismes accompagnateurs.

Lorsque chacun joue son rôle, le mandat devient un vecteur d’apprentissage durable, un outil de transformation sociale et un actif professionnel reconnu.

A retenir : Reconnaître les compétences des élus, c’est renforcer leur place dans l’entreprise. Cela valorise l’engagement, lutte contre les discriminations, et peut faire l’objet d’accords ou d’actions collectives concrètes.
Bon à savoir : Certaines entreprises ont négocié des dispositifs de reclassement interne pour les élus en fin de mandat, intégrant les compétences acquises au titre de la gestion des emplois et des parcours professionnels (GEPP).

FAQ sur la valorisation des compétences des élus

Je n’ai pas de diplôme. Puis-je quand même faire reconnaître mes compétences acquises en tant qu’élu ?

Oui. La certification des compétences acquises dans le cadre d’un mandat est ouverte à tous les élus, sans condition de diplôme. Ce qui compte, c’est votre expérience réelle : les missions que vous avez menées, les compétences que vous avez exercées, les preuves que vous pouvez en fournir.

Quelle différence entre la VAE et la certification dédiée aux élus ?

La VAE permet d’obtenir un diplôme ou un titre déjà existant, comme une licence ou un titre professionnel. La certification dédiée, elle, vous délivre des certificats de compétences (CCP) directement liés à vos missions de mandat. Ces CCP peuvent ensuite être utilisés pour viser un diplôme ou un titre, en bénéficiant de dispenses.‍

Dois-je passer tous les certificats (CCP) en même temps ?

Non. Vous pouvez choisir un seul CCP ou plusieurs, selon votre parcours et vos objectifs. Vous pouvez aussi commencer par un seul bloc et compléter votre parcours plus tard. Chaque certificat validé reste acquis, même si vous en validez d’autres ensuite.‍

Qui peut m’aider à préparer la certification ?

Vous serez accompagné par l’AFPA, qui propose des ateliers collectifs, un suivi individuel et une aide à la rédaction du dossier. Votre syndicat, votre OPCO ou le CSE peuvent aussi vous soutenir dans votre démarche. Vous n’êtes pas seul pour construire votre parcours.‍

Comment choisir les compétences que je veux faire certifier ?

Commencez par faire le point sur les missions que vous avez exercées pendant votre mandat. L’AFPA vous aidera ensuite à sélectionner les CCP qui correspondent le mieux à votre expérience. Pensez à ce que vous souhaitez faire après le mandat : cela vous aidera à orienter votre choix.

Références

Code du travail, articles L. 6112-4 (compétences acquises dans l'exercice d’un mandat de représentant du personnel ou syndical peuvent faire l’objet d’une certification), L. 2141-5
(entretien de début et de fin de mandat)

Arrêté du 19 janvier 2022 portant renouvellement de la certification relative aux compétences acquises dans l'exercice d'un mandat de représentant du personnel ou d'un mandat syndical, JO du 22

Arrêté du 18 juin 2018 fixant les modalités d’équivalence entre la certification relative aux compétences acquises dans l’exercice d’un mandat de représentant du personnel ou d’un mandat syndical et plusieurs titres professionnels du ministère chargé de l’emploi, JO du 26

Cour de cassation, chambre sociale, 9 octobre 2019, pourvoi n°18-13.529
(reconnaît que les compétences acquises dans un mandat peuvent être prises en compte dans la gestion de carrière si le syndicat est associé)

Guide de la certification des compétences des représentants du personnel et des mandataires syndicaux – Ministère du Travail/AFPA, janv. 2019 (présente le cadre légal, les CCP, le déroulement de la certification et l'accompagnement par l’AFPA)

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